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Edward Stirling (Bone) Blanchard, MRAIC (1886-1953)

Edward Stirling Blanchard est né à Charlottetown en 1886 le jour de la Saint-Valentin. Il était l'un des trois enfants d'Edward Sherburne Blanchard (1849-1917) et d'Ella May Lea (1860-1958). Cette branche de la famille Blanchard était arrivée du New Hampshire en 1785 pour s'établir à Truro, en Nouvelle-Écosse, à la suite de la Révolution américaine. En Nouvelle-Écosse, les Blanchard devinrent des personnes influentes dans les domaines du journalisme, de la politique et du droit. À l'époque de la Confédération, Hiram Blanchard (1820-1874), qui était le cousin du Dr Edward S. Blanchard, occupa brièvement le poste de premier ministre de la Nouvelle-Écosse. Le DEdward S. Blanchard obtint son diplôme de l'école de médecine de l'Université Columbia en 1872, et fut pendant de nombreuses années le directeur de l'hôpital Falconwood.

La mère d'Edward Stirling Blanchard, Ella May, était la fille unique de Clara Richmond Dean, anciennement de Winterport, au Maine, et de John Lea (1832-1864). Après que son premier mari mourut de la consomption, Clara se remaria en 1869 avec le célèbre architecte, David Stirling (1822-1887). Il est probable qu'Edward Stirling ait reçu son second prénom en l'honneur du nom de famille du célèbre deuxième mari de sa grand-mère. Il s'agissait d'un présage relativement à la future carrière d'Edward en tant qu'architecte de renom de l'Île-du-Prince-Édouard. Son surnom, « Bone » (« Os » en français), venait probablement du fait que son père était médecin.

La famille Blanchard vivait avec sa grand-mère, Clara, dans la maison de style Second Empire que David Stirling avait construite sur la rue Water à Charlottetown. De nos jours, cette maison, qui a subi des modifications considérables, est devenue un immeuble d'habitation. Des photos de famille prises sur le vif montrent Edward, son frère, sa soeur, ses parents et sa grand-mère sur la véranda décorative dans les années 1890 et au début des années 1900. Une autre photo présente la famille faisant un pique-nique à la bonne franquette à la campagne. Il est probable que ces photos aient été prises par Harry B. Sterling (qui préférait cette graphie pour son nom de famille). Né en 1871, ce dernier fut le seul enfant issu du mariage entre la grand-mère d'Edward, Clara, et David Stirling, ce qui faisait de lui le demi-oncle d'Edward. Une tragédie frappa la famille en 1905 lorsque le frère d'Edward, Aubrey, mourut par noyade à l'âge de 23 ans.

Après avoir fréquenté des écoles locales et le collège Prince of Wales, Edward s'inscrivit au programme d'architecture de l'Université McGill. En 1910, il obtint son baccalauréat en architecture. Il devint plus tard membre de l'Institut royal d'architecture du Canada (MIRAC). Il décida de demeurer à Montréal afin de travailler d'abord pour la firme Ross and McFarlane, puis il ouvrit plus tard sa propre entreprise de création architecturale avec G. E. Conrad. L'une des propriétés bâties par leur entreprise fut la résidence  datant de 1913 destinée à l'important homme d'affaires de Montréal, Lansing Lewis (1854-1927), à Westmount. Par contre, la carrière de Blanchard fut interrompue par le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914.

Il s'enrôla dans le 105e bataillon de l'Île-du-Prince-Édouard, qui faisait partie du Corps expéditionnaire canadien, et après avoir suivi l'entraînement à Valcartier, au Québec, il partit d'Halifax, en Nouvelle-Écosse, pour se rendre en Angleterre en juillet 1916. Il occupa le poste d'officier de bombardement jusqu'à ce qu'il fût blessé vers la fin de la guerre en 1918, puis on le transféra en Irlande pour qu'il s'y rétablisse. Un autre membre de sa famille avait déjà servi dans l'armée avant lui. Son grand-père, John Lea, avait eu le grade de lieutenant au sein de deux unités de milice locales rassemblant des volontaires de l'Île-du-Prince-Édouard en 1855 et en 1860.

L'expérience personnelle qu'eut Blanchard lors de la Grande Guerre lui inspira de proposer un monument commémoratif à la mémoire des soldats de l'Île. Selon une esquisse restante, ce monument devait être une série d'arches commémoratives de style classique à l'entrée du parc Victoria de Charlottetown. Il est possible d'apercevoir au loin le blockhaus de la Batterie Prince Edward. Les véhicules auraient pu passer par deux grandes arches arrondies au centre. Il est à noter que Blanchard montre les voitures circulant à gauche. En effet, les automobilistes de l'Île-du-Prince-Édouard n'ont commencé à conduire à droite qu'à partir du 1er mai 1924. Les piétons pouvaient utiliser les petites arches arrondies se trouvant des deux côtés du monument. Edward suggéra même d'ajouter un musée au haut du monument. Ce concept grandiose ne fut jamais construit. Le monument actuel comportant trois soldats fut érigé à la place, près de la Province House en 1925.

Après la guerre, Edward reprit son travail d'architecte à Montréal, tout en ayant également un bureau à Charlottetown dans le nouvel édifice de la Banque Scotia qui ouvrit ses portes sur la rue Grafton en 1922. L'un des projets qu'il fit à cette époque fut la construction en 1921 d'un bungalow sur le bord du lac Champlain à Westport, dans l'État de New York, pour C. Ludlow Livingston (né en 1870). Ce dernier venait tout juste de terminer une année au poste de consul des États-Unis à l'Île-du-Prince-Édouard, et prit sa retraite en 1922 après avoir servi pendant quatorze ans au sein des services consulaires américains. Sa famille faisait partie de l'aristocratie coloniale de New York qui était arrivée au XVIIe siècle. Les membres de cette famille ont continué d'avoir des rôles influents dans l'histoire juridique, militaire et politique américaine. Les États-Unis ont eu un consulat à l'Île-du-Prince-Édouard de 1858 à 1933. Il fut situé à partir de la fin des années 1890 dans ce qui est maintenant le Haviland Club de Charlottetown.  D'ailleurs, Livingston fut le voisin de Blanchard et s'était familiarisé avec ses travaux.

Dans les années 1920, les modèles de propriétés résidentielles de Blanchard reflétaient le style Arts and Crafts qui était populaire à l'époque. Beaucoup de ces maisons possédaient un toit incliné, un revêtement extérieur en stucco, un grand nombre de consoles et de grandes cheminées. Ces éléments sont tous présents sur la maison de C.C. Archibald située à Charlottetown. Un excellent exemple de l'une de ses maisons de type bungalow et de style Craftsman est la résidence située au 101, rue Upper Prince à Charlottetown.

Elle possède une véranda panoramique, un toit légèrement incliné et des chevrons bien visibles dans le pignon. Des esquisses intéressantes de ces maisons faites à l'aquarelle subsistent toujours.

Ces esquisses furent dessinées par Blanchard pour inciter ses clients potentiels à poursuivre jusqu'au bout leurs projets de construction. Aujourd'hui, elles fournissent un aperçu de la pensée de Blanchard et de l'allure qu'il aurait aimé idéalement ses créations architecturales.

En 1928, les annuaires téléphoniques indiquaient qu'il résidait à la maison de son enfance située sur la rue Water, à Charlottetown. Toutefois, son bureau se trouvait à cette époque dans l'ancien édifice de la Union Bank, sur Queen Square. Les problèmes économiques causés par le krach de 1929 et la grande dépression qui s'ensuivit amenèrent Blanchard à dessiner moins de maisons unifamiliales durant la décennie suivante. Il commença plutôt à reconfigurer des immeubles existants afin qu'ils soient utilisés pour accueillir des appartements. Il amorça également des projets d'édifices publics, comme le sanatorium provincial et le Charlottetown Forum. Il conçut aussi des immeubles commerciaux en briques, comme le bloc de Stanley, Shaw and Peardon, situé actuellement au 68, avenue University. En 1930, il dessina également sur la rue Pownal le presbytère  de l'église St. James, lieu de culte qu'il fréquentait. Les plans restants de cette maison révèlent qu'il avait imaginé à l'origine plus d'éléments décoratifs, dont des balcons munis de rampes. Toutefois, une demeure plus sobre fut construite, probablement en raison de l'incertitude économique de l'époque.

En 1937, Blanchard créa deux modèles pour des logements subventionnés par le gouvernement. Ces projets étaient en réponse à un programme de logements à prix abordable créé en 1935 en vertu de la Loi fédérale du logement du gouvernement fédéral. Cette loi permettait aux candidats à la propriété d'emprunter à un faible taux d'intérêt et d'obtenir des versements hypothécaires plus raisonnables. Elle visait également à moderniser et à améliorer les logements existants, à permettre la construction de nouvelles habitations, ce qui avait pour conséquence de stimuler le marché de l'emploi, et à aider les familles à faible revenu à avoir accès à des logements plus salubres. On ne sait pas bien si l'un ou l'autre des modèles de Blanchard datant de la période de la grande dépression fut construit à l'Île-du-Prince-Édouard. Cependant, à la fin de 1937, il y avait eu 396 prêts à faible taux d'intérêt endossés par les Prince-Édouardiens, totalisant un peu plus de 109 000 $.

Blanchard était un fervent amateur de plein air et adorait passer ses vacances à sa maison d'été de Bay Fortune dans le comté de Kings. D'ailleurs, il commença à remettre cette demeure à neuf à partir de 1938. Il devint également célèbre pour ses jardins de fleurs qu'il aménageait tant à sa maison d'été qu'à sa résidence principale, située à Charlottetown. Beaucoup de ses plans architecturaux comportaient des jardinières.

Le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale en 1939 vint à nouveau limiter le nombre de projets qu'il eut pour la construction de maisons unifamiliales. Néanmoins, des projets liés à des bâtiments institutionnels, comme des hôpitaux à Souris et à Summerside, une résidence d'infirmières à Montague et un nouvel édifice pour le YMCA à Charlottetown l'occupèrent durant la guerre et la période qui suivit immédiatement. Il continua également à transformer des résidences en appartements.

La prospérité d'après-guerre et l'expansion urbaine au Canada se reflétèrent dans les travaux de Blanchard pour le reste de sa carrière. À partir de 1948, il conçut beaucoup de ses maisons de banlieue les plus durables à Charlottetown. Plusieurs d'entre elles furent construites dans le secteur traditionnellement aisé du chemin Brighton et de l'avenue Greenfield, où il bâtit sa propre maison d'influence néo-coloniale en 1949.

Le joyau de son oeuvre durant ces années est probablement le paysage de la promenade Crestwood, où il conçut pas moins de sept maisons. Il prenait en considération le paysage dans lequel les demeures étaient construites, et cherchait à rendre chacun de ses modèles complémentaires de l'autre. Certaines de ses maisons étaient de genre ranch, mais beaucoup étaient de style néo-colonial, rappelant des exemples américano-georgiens antérieurs qui avaient eux-mêmes des éléments empruntés aux styles de la Grèce antique. Il favorisait ce qui était appelé « le modèle démocratique de la Grèce antique » incarné dans la blancheur des temples grecs classiques. Blanchard considérait que les éléments classiques de ses maisons étaient mieux représentés s'ils étaient également peints en blanc. L'un des nouveaux résidents de la promenade Crestwood était le ministre de la Santé de l'Île, l'honorable Alexander Matheson, dont la maison de style ranch fut construite en 1951. Il devint plus tard premier ministre de l'Île de 1953 à 1959. Sa maison fut bâtie sur une élévation de terrain au-dessus de la rue et possédait une pelouse avant en pente. L'une des maisons de style néo-colonial de Blanchard fut même construite à Moncton, au Nouveau-Brunswick, en 1950. D'ailleurs, elle se trouve toujours au 136, avenue Bromley.

Au début de sa carrière, Blanchard avait conçu une résidence à Montague pour George Thompson en 1920, ainsi qu'une pharmacie pour Hamilton Mabon, un pharmacien local. L'un de ses derniers projets en 1951 fut la construction d'une maison à Montague pour Kenneth MacGowan, qui possédait un commerce de vente d'automobiles dans la ville. Il s'agissait de la même année où Blanchard amorça sa collaboration avec l'architecte James F. Toombs, qui poursuivit plus tard les travaux de la firme. L'un des derniers bâtiments institutionnels que Blanchard conçut fut l'école Charlottetown High School située sur le chemin North River, en 1953. Aujourd'hui, cet école est connu sous le nom Queen Charlotte Intermediate.

Edward S. Blanchard mourut à l'hôpital Prince Edward Island le 17 décembre 1953, et repose depuis au Peoples Cemetery de Charlottetown. Il ne s'est jamais marié, mais sa mère, Ella May, qui continua de résider à sa maison située sur l'avenue Greenfield, et sa soeur, Helen, Madame G. E. Mahon de Halifax, en Nouvelle-Écosse, lui survécurent.

Liste chronologique de certains travaux de Blanchard à l'Île-du-Prince-Édouard :

* Ne sont pas encore répertoriés ou reconnus

1920

Pharmacie d'Hamilton J. Mabon, Montague*

Maison de George Thompson, Montague*

Orphelinat protestant, Mount Herbert (1920-1921; démoli en 1998)

1921

Maison de Dr. C.C. Archibald, 76, rue Euston

Bungalow de Roy Cudmore, 224, rue Pownal*

1922

Bungalow de J. S. Wedlock, 101, rue Upper Prince

1924

Résidence de Wilfred Boulter, rue Ambrose*

Résidence de Dr J. S. Jenkins, Upton Farm

1925

Résidence de W. Chester S. MacLure, avenue Longworth*

1926

Résidence de Chester Campbell, avenue Elm* (modifications et rajouts)

1927

Maison d'été de Mme Gane Morris, rue Haviland*

1928

Maison de G. O. C. Campbell, rue Richmond*

Appartements Cavendish, rue Water (ancien entrepôt transformé en appartements - construction détruite par un incendie)

Appartements DeBlois, au coin des rues Water et Pownal* (transformation d'une résidence en appartements)

1929

Résidence de H. G. Rogers, 23, avenue Greenfield*

Sanatorium de l'Île-du-Prince-Édouard (démoli v. 2000)

Maison de Dr Tidmarsh, 6, rue Richmond*

1930

Charlottetown Forum (démoli en 2001)

Immeuble R. K. Brace, rue Queen*

Bloc Hughes, rue Queen*

Immeuble de commerce de Stanley, Shaw, and Peardon, 68, avenue University*

Immeuble Simms, rues Kent et Hillsboro* (transformation en appartements)

Presbytère de l'église St. James, rue Pownal*

Maison de Major T.B. Rogers, Stratford

1934

Appartements Connaught, au coin des rues Pownal et Sydney* (transformation d'une résidence en appartements)

Appartements Halsey Hooper, rue Kent* (transformation d'une maison à logement double)

1936

Résidence de Dr Joe P. Lantz, 98, chemin Brighton*

1937

Proposition de petites résidences dessinées relativement à la Loi fédérale du logement

1938

Maison d'été d'E. S. Blanchard, à Bay Fortune

1939

Résidence de R. R. Bell, chemin Brighton*

Résidence d'E. K. MacNutt, 21, York Lane*

1940

Résidence de Jack Gordon, avenue Brighton*

Appartements de T. G. Ives, avenue Longworth (transformation d'une résidence en appartements)

1941

Appartements de Carl Green, chemin Upper Prince*

1943 

Hôpital du comté de Prince, Summerside (démoli)

1944

Immeuble du YMCA de Charlottetown (maintenant des copropriétés)*

Hôpital de Souris*

1946

Résidence d'infirmières, Montague*

1947 

Résidence de R. K. Keilly, chemin Malpeque*

1948

Central Creameries Limited, Charlottetown et Summerside

George Batt Street, rue Rochford*

Maison de H. C. Bohaker, avenue McGill*

Résidence de Dr L. L. Duffy, avenue McGill*

Maison d'A. O. E. Gill, rue Green*

Résidence de Wilfred A. Livingston, rue Richmond*

Résidence de W. T. Rogers, promenade Crestwood*

Résidence de George G. Woods, promenade Crestwood*

Résidence de W. A. Wright, Souris*

1949

Maison d'E. S. Blanchard, 41, avenue Greenfield*

Appartements d'Alan Cameron, York Lane*

Maison d'A. Hogan, chemin North River*

Résidence de H. L. Sear, 80, chemin Brighton*

Maison de Percy Simmonds, promenade Crestwood*

1950

Maison de Don Brehaut, avenue Greenfield*

Maison de N. H. DeBlois, 6, promenade Crestwood*

Maison de Dr J. K. L. Irwin, promenade Crestwood*

Maison de John A. Simmonds, 9, promenade Crestwood*

1951

Maison de F. W. Boyles, avenue Highland* 

Résidence de Gilbert Houston, rue West*

Résidence de Kenneth MacGowan, Montague*

Résidence de l'hon. Alexander W. Matheson, promenade Crestwood*

Entrepôt de l'entreprise DeBlois Brothers, au coin des rues Queen et Lower Water*

1952

Rajouts au couvent St. Stanislaus, Kinkora (maintenant Chez Shea Kinkora Country Inn and Spa)*

Maison de H. E. Hyndman, avenue Greenfield*

1953

École Charlottetown High School, chemin North River (maintenant l'école Queen Charlotte Intermediate)*

 
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